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DANSER C'EST PARLER EN SILENCE
PATRICIA-DIRECTRICE
Les danseurs valides ont souvent quelques appréhensions au début dû au fait qu'ils ne connaissent pas vraiment le handicap moteur. Ils sont très motivés, car leur démarche d'accéder à cet atelier est volontaire mais ils doivent dépasser les préjugés et les peurs qu'ils peuvent avoir par rapport au danseur en situation de handicap (appréhension d'un corps différent, du fauteuil, peur de faire mal...). Mais très vite, à travers les exercices proposés, les danseurs en fauteuil les rassurent sur ce qu'ils peuvent faire ou pas. Ils communiquent, expérimentent leur complémentarité à travers la danse, le mouvement, le toucher. Leurs regards sur la différence changent forcément tout au long de l'année. Ils découvrent une autre façon de danser, peut-être moins sur la prouesse technique, mais plus sur l'échange, cela donne du sens.
Chez les danseurs en situation de handicap, j'observe souvent une réappropriation de leur corps à travers la danse, une re découverte des possibilités de leurs mouvements et de leur perception physique. La musique permet aussi un "état de corps", différent de celui du quotidien.
C’est une vraie demande de leurs parts d’avoir une mixité lors des cours de danse car la plupart des activités proposées aux personnes handicapées ne sont pas mixtes. Ils prennent beaucoup de plaisir à danser ensemble et le fait de monter sur scène est aussi important : montrer qu'ils ont leur place et ce qu'ils sont capables de faire.
Dans ce type de cours, l’aspect humain est très fort, on est forcément dans la bienveillance, car on est là pour leur apporter du plaisir avant tout, même si l'aspect artistique est important. Ce n'est pas parce que l'on travaille avec eux que l'on ne doit pas être exigeant, tout en tenant compte de leur possibilité. Un lien fort existe entre le prof et les élèves, tout autant qu'entre les élèves. Cela se passe pendant les ateliers mais aussi à l’extérieur. C’est l'occasion de vivre des moments ensemble comme des sorties restaurants ou encore des spectacles. Le moment du spectacle de fin d'année permet aussi de resserrer ces liens.
Il y a dans cette expérience humaine et artistique, quelque chose de magique qui se crée et qui qui va bien au-delà des cours.
SANDRINE-DANSEUSE
Je suis en fauteuil suite à un accident de la route il y a de cela 13 ans, J'ai toujours été sportive, plutôt du sport masculin, mais la danse est arrivée chez moi assez jeune, avec le hip-hop. Pouvoir reprendre une activité physique en fauteuil était vital pour moi, mis à part les sensations extrêmes avec le quad, les sauts en parachute, le parapente, etc. Trouver un cours de danse adapté était un moyen de contenir mon énergie. Cela a été chose faite quand j'ai enfin trouvé Patricia et son association Mozaik Danses.
J'ai pu m'exprimer à travers mon nouveau corps en mouvance et surtout ce qui est important pour moi : partager avec des personnes valides. La mixité est à mon avis la plus belle leçon dont le monde d'aujourd'hui a besoin.
Mes proches ont été surpris du message fort que l'association fait passer : elle encourage toutes les personnes dans une situation de handicap à aller au bout de ses rêves et à prouver au monde que la différence est une force.
Cette activité permet non seulement une vie sociale, mais elle pousse à utiliser un corps qu'on connaît moins avec lequel on ose moins. Tout cela procure un bien-être physique et mental. L’handidanse nous apprend que nous sommes riches de cette différence et nous pousse à aller plus loin.
ELEONORE-DANSEUSE
Je suis en fauteuil depuis l'âge de 25 ans et j’ai à présent 41 ans. Je suis illustratrice de profession.
Je faisais de la danse avant mon accident et j'avais très envie de continuer cette pratique qui selon moi apporte beaucoup de bien-être et de joie. Mais on ne proposait que des sports adaptés plutôt masculins comme du ping-pong ou du basket. Mon entourage m'a poussé à reprendre la danse, mais je ne trouvais pas de cours ouvert au handicap.
Finalement, j'ai rencontré Patricia Loubière à l'Antigone des associations, c'est elle qui est venue vers moi et j'ai tout de suite été emballée à l'idée d'intégrer un cours de danse comme celui proposé au sein de l’organisation Mosaïk Danses.
Quand on vit sur un fauteuil, dans un corps qui est souvent en souffrance, la danse est une fabuleuse échappatoire. Cela permet, avec son corps en difficulté, de créer, de bouger, d'échanger, de retrouver le plaisir du mouvement avec son fauteuil et dans un groupe.
Le fait de danser avec des personnes valides me semble naturel tant sur un niveau pratique, car l'échange permet un mouvement différent que si l'on était seul sur un fauteuil mais aussi sur un niveau social, car nous sommes tous des êtres humains avec nos différences et le mélange des personnes ne peut être qu'enrichissant pour l'un ou pour l'autre. Je trouve aussi la danse adaptée très créative, car elle amène un élément peu commun : le fauteuil.
MANUELLA-DANSEUSE
J’ai 43 ans et je suis chercheuse en biologie végétale. J’ai fait une chute très jeune, lorsque j’avais 3 ans, qui m’a laissé sur un fauteuil roulant. J’ai une vie active, j’ai fait du sport et puis j’ai toujours dansé en fauteuil dans les soirées, en boîtes de nuit.
C’est très facile de danser avec des partenaires valides, mêmes avec de parfaits inconnus. Les gens sont curieux, intéressés et aiment faire tourner le fauteuil ! Et en général, la danse se termine sur un « merci » !
Il y a deux ans, j’ai vu un spectacle de danse handi-valide de l’association Mozaïk Danses, et cela m’a parlé immédiatement et j’ai voulu essayer. C’est un très bon loisir et je recommande fortement cette pratique. C’est une façon de se familiariser au handicap pour ceux qui ne connaissent pas, de se sentir mieux sur ses roues pour ceux qui sont assis et de faire de belles créations ensemble !
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